Marielle Lachenal décrit tous les moyens multimodaux que sa fille utilise pour penser et pour parler. C’est un témoignage où la créativité et l’observation de la mère ET de la fille jouent un grand rôle : sortir des sentiers battus, sortir du « moyen unique ». Ce témoignage est déjà ancien mais toujours aussi actuel.
« Je vais parler de l’utilisation des pictogrammes et des signes par ma fille Géraldine, 17 ans, qui les utilise depuis qu’elle a 7 ans, dans le cadre du programme Makaton.
Pourquoi en parler ? D’abord parce que nous ne pourrions pas vivre comme nous vivons sans l’association permanente et indispensable des signes et des pictos.
En fait, je voudrais, à partir de ce que nous vivons ensemble , vous faire découvrir la richesse de ces outils de communication ; mais aussi le fait qu’ils ne trouvent leur place que dans une communication plus large, avec d’autres choses ; et dire leurs limites aussi .
Je voudrais vous faire partager ma conviction profonde que toute personne doit se voir proposer des moyens de communiquer , et que toute personne a des choses à nous dire de sa vie. A partir de l’exemple de Géraldine, je voudrais montrer que tout enfant doit avoir accès au sens : ce qui caractérise l’humain, c’est la possibilité de chercher le sens : c’est vital pour tout le monde, y compris pour l’enfant qui nous paraît loin de notre communication.
C’est lui permettre de construire sa propre pensée, sa propre vie intérieure, avec la conviction que penser se décline de multiples façons, et que cela n’est pas conditionné par un accès à un haut niveau d’abstraction.
Il n’y a pas de « petite pensée », la pensée doit pouvoir s’exprimer , et doit pouvoir se développer et grandir, s’enrichir, se complexifier. On peut construire du symbolique à partir de peu , et ce qui différencie l’homme de l’animal c’est justement sa faculté de penser en passant du signe (attention, là, il ne s’agit pas du signe de la LSF, non mais du signe concret, le cri, le signal, le non élaboré, le « brut ») donc en passant du signe au symbole
L’enfant sans parole doit se voir proposer de quoi symboliser sa vie, ses affects, ses sensations …et tout est bon, il faut faire flèche de tout bois !
Je vais poser le cadre, donner les outils utilisés par Géraldine et ensuite des exemples concrets.
Mais je ne parlerai pas de l’utilisation des signes et des pictogrammes pour demander de la confiture, même si c’est aussi important. Je voudrais vous montrer comment, à partir d’eux, Géraldine cherche le sens de ce qui lui arrive, le sens de sa vie. Surtout pas des recettes, vous verrez à quel point on tâtonne, mais juste un témoignage partagé !
C’est pour cela que j’avais choisi le titre « et pourtant elle parle, et pourtant, elle pense »
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