Marie Voisin, orthophoniste en Bretagne, formatrice et membre active d’Isaac, Présidente du Conseil paramédical et éducatif de l’Association Française du Syndrome de Rett, partage ici une petite vidéo (15mn), très limpide et instructive, qui aborde la question de savoir à quel public peut-on s’adresser avec la CAA. Qui est candidat, qui ne le serait pas ?
En se référant à des auteurs renommés comme Pat Miranda et David Beukelman, elle explique clairement deux façons de voir l’accompagnement d’un débutant en CAA.
Le premier aspect prend en compte des évaluations en amont de l’accompagnement. C’est le modèle de « candidature» : est-ce qu’une personne, un enfant, est un « candidat », capable d’avoir accès à des outils de CAA ? C’est la démarche qui est inscrite dans tous nos savoir-faire de professionnels en France ; c’est comme ça que nous avons été formatés : évaluer puis préconiser. Ce qui se comprend très bien dans d’autres cas, par exemple évaluer la vision avant de préconiser des outils adaptés. Mais en matière de communication, son argumentation diffère.
Le deuxième aspect appelé modèle « participatif » s’appuie sur le développement du tout petit : on parle à un bébé, il ne comprend pourtant pas bien encore les mots. Et par le miracle de la maturation neurologique et dans un environnement suffisamment nourricier et adapté à son âge, ce dernier va petit à petit entrer dans le langage oral.
Marie Voisin questionne le modèle sur lequel s’appuyer pour introduire la CAA.
Et sa réponse, clairement argumentée, est de mettre en œuvre et d’utiliser nous-mêmes avec la personne, tout en lui parlant, des moyens de CAA divers, et d’observer. Et en observant, d’adapter, puis de remettre en œuvre, de ré-observer, de réadapter etc… : faire fonctionner un cercle vertueux autour de cet apprentissage d’un langage alternatif, que tout le monde autour de lui devrait utiliser pour solliciter ses capacités d’apprentissage. Car le langage s’apprend dans l’usage, cela s’appelle la modélisation.
Cette vidéo est un excellent préalable à la compréhension de ce processus si controversé qu’est la mise en place d’un Projet Individuel de Communication (que nous appelons facilement PIC).